L’histoire des jumeaux

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J’ai appris que j’étais enceinte un peu avant la st-valentin 2014, après seulement 2 mois d’essai. Pour ma fille ça a pris 8 mois avant de fonctionner alors on pensait jamais que ça arriverais si vite. On était super content, mais en même temps c’était un peu stressant parce que je venais juste de changer de job. En fait je suis probablement tombé enceinte le jour où j’ai commencé ma nouvelle job. J’ai arrêté d’allaiter ma fille dimanche le 26 janvier, la veille de ses 15 mois et je suis probablement tombé enceinte le lendemain. Beaucoup de chose en même temps.

Ma grossesse allait bien mais j’avais beaucoup de maux de cœur, beaucoup plus que la première fois, et j’étais très fatigué. J’attribuais le surplus de fatigue au fait que j’avais à m’occuper de ma fille de 15 mois.

Nous avions choisi d’accoucher à la maison des naissances. Après quelques jours d’attente nous avons su que nous étions choisis et nous sommes allés faire une visite des lieux. On a trouvé ça tellement parfait. On se demandait même pourquoi on n’avait pas choisi ça pour ma première grossesse. On nous a expliqué que les grossesses à risque ne pouvais pas être suivi à la maison des naissances, et que les grossesses de jumeaux faisaient partie des grossesses à risque, je ne sais pas pourquoi mais j’ai posé plus de questions. On aurait dit que j’avais déjà un pré-sentiment.

Depuis le début de ma grossesse quand on me demandait si je voulais un garçon ou une fille je répondais toujours, un ou l’autre ça m’est égal mais tout ce que je veux c’est un seul bébé. Un autre pré-sentiment, qui m’a fait me sentir vraiment coupable quand j’ai su que c’était des jumeaux.

À 8 semaines de grossesse je me suis rendue à la clinique parce que j’avais une douleur dans le bas du ventre sur un côté. Le médecin m’a prescrit une échographie pour confirmer que ce n’était pas une grossesse ectopique. C’est ce jour-là que j’ai su que j’attendais des jumeaux. Des beaux petits jumeaux mono-di (deux poches de liquide amniotique mais seulement un placenta).

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J’étais seule à l’échographie, mon chum travaillait et honnêtement je ne pensais pas apprendre une grande nouvelle comme celle-là. Ça m’a pris deux heures avant de le rejoindre, deux heures pendant lesquelles j’ai beaucoup pleuré. J’avais peur qu’il soit fâché. Je sais que ce n’est pas très rationnel comme réaction mais j’étais enceinte et pleine d’hormones. Quand je lui ai finalement dit il n’était pas fâché, il riait. Pendant plusieurs jours je me suis apitoyé sur mon sort, j’avais peur de pas être capable, peur de délaisser ma fille, peur de devenir tellement grosse, peur d’avoir trop mal au bassin, j’avais peur pour moi. Après j’ai commencé à lire sur les jumeaux identiques et je me suis mise à avoir peur pour eux. Le syndrome de Transfuseur-transfusé est un gros risque pour ce genre de jumeaux.

À partir de ce moment j’ai arrêté de penser et moi et j’étais surtout inquiète pour eux… et aussi pour ma fille qui allait avoir moins de place. J’ai eu plusieurs échographie, j’étais suivit par un doc généraliste et une gynéco.

Le mercredi avant de partir pour Disney World je suis allé chez ma gynéco pour me faire confirmer que je pouvais bien partir. Comme elle avait de la difficulté à discerner les deux cœurs avec le doppler elle m’a fait une échographie et les deux petits cœurs battaient bien. C’est la dernière fois que j’ai vu mes bébés vivant. J’aurais voulu qu’elle prenne plus de mesures mais elle avait l’air satisfaite avec seulement les coeurs. Elle m’a confirmé que je pouvais partir en voyage et qu’il n’y avait pas de risque lié à l’avion. À Disney j’ai été sage, on a loué une chaise roulante électrique pour pas que je me fatigue trop. Je les sentais pas beaucoup bouger mais j’étais seulement à 18 semaines et j’ai commencé à sentir ma fille seulement à 21 alors j’essayais de me rassurer et de me dire que tout allait bien.

Le mercredi suivant notre retour de voyage, soit deux semaines après la dernière échographie je suis allée voir mon doc pour un rdv de routine. Elle ne trouvait pas les cœurs. Je me suis mise à pleurer et mon cœur à moi aller de plus en plus vite mais on ne trouvait toujours pas les cœurs. Elle m’a envoyé passer une échographie d’urgence à Pierre-Boucher. Mon chum était au travail et je lui ai dit de pas venir parce qu’il allait arriver après de toute façon. J’ai contacté Linda la femme de mon père qui travaille sur la rive-sud et elle est venue me rejoindre à l’hôpital. Elle est arrivée au moment où le docteur me confirmait la mauvaise nouvelle. La plus mauvaise nouvelle de toute ma vie.

Il n’y avait plus de petits cœurs. Je le voyais à l’écran, les cœurs c’étaient arrêtés. Probablement depuis plusieurs jours. Mes petits jumeaux sont probablement morts d’un syndrome du transfuseur-transfusé. Un foutu syndrome qui attaque les jumeaux identiques, en gros les cordons ombilicaux se connectent et un jumeaux reçoit trop de sang et l’autre pas assez. Normalement le plus petit meurt en premier et emporte son jumeau. Parfois c’est possible d’en sauver un. Il y a des opérations qui peuvent être faite, mais pour mes jumeaux s’est arrivé trop vite. Ils sont morts avant qu’on ne sache qu’ils étaient malades. Normalement je devais passer un test seulement à 24 semaines pour savoir s’ils avaient ce syndrome. Mais je devais aussi passé l’écho-morpho le vendredi suivant et on l’aurait su à ce moment-là. Mais même si ils s’étaient rendus au vendredi l’avenir n’était pas très rose pour eux. C’est arrivé trop tôt et on a rien pu faire.

Après la confirmation de la mort des jumeaux nous sommes retournés à la maison. On a choisi de revenir le lendemain pour que je sois provoqué et pour accoucher. Le lendemain matin, l’âme en peine je me suis rendu à la salle d’accouchement avec mon chum. Ce n’est pas normal d’aller donner naissance à des bébés morts. C’est juste trop triste.

On est arrivé vers 9h00 et finalement à 13h le docteur m’a donné les médicaments pour provoquer les contractions. On me donnait les médicaments aux 4 heures et je devais accoucher d’ici 8 à 36h. Au bout de 8h j’ai commencé à avoir des contractions. Ça faisait mal et l’infirmière insistait beaucoup pour que je prenne l’épidural mais je ne l’a voulais pas. J’ai finalement décidé d’appeler France mon accompagnante à la naissance pour avoir des conseils. J’hésitais entre l’épidural et de la morphine.

Mon accompagnante me connais bien et elle a vite compris que je ne voulais ni une ni l’autre de ces options, elle m’a donc proposé un bain chaud. Elle est arrivée avec une couverture chauffante pendant que l’infirmière préparait le bain. Ça m’a fait beaucoup de bien. Après le bain, la couverture chauffante et les encouragements de mon chum et de mon accompagnante m’ont permis de me rendre jusqu’au bout, comme je le voulais sans aucune drogue. Je ne voulais pas rencontrer mes bébés pendant que j’étais dans les vapes, c’était déjà assez difficile comme ça.

Mes bébés sont arrivés à 22h31 et 23h34. On nous a annoncé que c’était des garçons. Nous avions choisi les noms en attendant le travail. Gabriel et Raphaël, des noms unisexe parce que nous ne connaissions pas le sexe, des noms d’anges. Une maman du groupe de jumeaux avait écrit avoir choisi ces noms pour c’est garçons parce que c’était des noms d’anges, j’ai trouvé que c’était parfait pour nous. Gabriel, le plus petit, le transfuseur est arrivé en premier, par les pieds. Il pesait 150 grammes, et mesurait 19 cm. Raphaël, le plus grand, le transfusé est arrivé une heure plus tard, aussi par les pieds. Il pesait 210 grammes et mesurait 20,5 cm.

 

L’infirmière les a emportés avec elle pour les laver et les préparer. Elle est venu nous les présenter les deux en même temps. Ils étaient si petit mes bébés. Tout rouge vu l’étape de leur développement. Ils étaient encore trop petits pour dire s’ils ressemblaient à leur grande sœur. J’aurais tant aimé les voir grandir ensemble, tous les trois.

On ne les a pas gardés très longtemps avec nous, on était en choc, bouleversé. Aujourd’hui je regrette de ne pas les avoir bercé, de ne pas les avoir tenu dans mes bras les deux en même temps. Je leur ai fait un petit bisoux et ils sont repartis avec l’infirmière.

Le lendemain matin nous sommes repartis de l’hôpital avec un petit sac comme seul souvenir de nos beaux amours. Ça a pris plus d’un mois avant que l’on soit capable de regarder dans le sac.

Même si j’ai paniqué au début, en apprenant que j’aurais de jumeaux, ces petits bébés je les voulais tellement. Sur le groupe des parents de jumeaux une des mamans m’a dit que j’étais et que je serais toujours une maman de jumeaux. Ça m’a fait tellement de bien et tellement de peine en même temps. Mes petits jumeaux c’était un miracle, probablement la seule façon que j’allais avoir 3 enfants. Mes grossesses sont difficiles et je vais avoir 36 ans en septembre. Mes petits jumeaux avaient 19 semaines et 2 jours.

Après presque 3 mois nous sommes allés chercher les cendres à la maison funéraire. Ils sont maintenant avec nous et c’est parfait comme ça. Ce n’est pas ce que je voulais au début mais je suis contente d’avoir eu le temps d’y réfléchir.

Au bout d’un peu moins de trois mois j’ai eu des nouvelles de l’autopsie de Raphaël. Tout était parfait, aucune malformation je ne sais toujours pas exactement pourquoi il est mort, mais je n’ai pas eu d’explication j’ai lu le document toute seule. Seule problème, l’autopsie dit que c’est une fille. Quand j’ai appelé à l’hôpital on m’a dit que c’était une erreur mais honnêtement ça a créé un doute dans ma tête. Aujourd’hui, le 4 septembre je viens d’avoir l’autopsie préliminaire de Gabriel qui confirme que mes bébés étaient des filles.

7 commentaires pour L’histoire des jumeaux

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  2. jasmineshei dit :

    So sorry about your beautiful angels. It is hard to understand why it had to happen. Just to let you know. You are not alone. Hugs!

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  3. typhaine dit :

    Je pense à toi Julie, et à tes petites merveilles.
    J’espère que le fait d’écrire leur histoire continue de t’aider à cheminer. xx

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    • Julie dit :

      Oui je suis contente d’avoir enfin eu la force de terminer d’écrire leurs histoire. Mais depuis j’ai pas écris sur mon blogue. Je manque un peu d’énergie depuis l’annonce du « changement » de sexe. Ça été un gros choc.

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  4. I’m so very sorry for your loss.

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